Ouverture : "Paix intérieure", au Trélod !
Lorsque l’on réside à une brique des montagnes, alors si seulement la journée de train à grande vitesse n'affecte pas votre motivation, si seulement l’introduction d'Écrit 2, méthodologiquement d’une complexité sans nom n’entraîne pas la fonte à grande vitesse de votre optimisme, si seulement le froid et le beau temps sont des résidants durables de buttes enneigées, alors, et seulement si l’ensemble de ces paramètres sont réunis, nous pouvons prétendre à une issue viable et recevable ! C’est à peu près ce qui s’est passé ce dimanche 12 Février !
Du froid, un temps voilé, un “travail” à achever... Ne manque plus qu’à trouver le compagnon idéal qui veuille bien m’accompagner dans une histoire de grelottement permanent et de douleur incisive des avant-bras. Raphaël Georges, Stapsien, ex Rennais, fort grimpeur a vite fait le choix entre une demi-finale de coupe de France et une sortie en plein air !
Nous voilà donc en route pour “La Compôte en Bauges”, rustre village d’une centaine d’habitants, il est à peine 6h du mat. N’était-ce pas le slogan d’un grotesque personnage d’une impulsivité sans nom ? Un dimanche matin, quelle indécence ! Presque une insulte aux divinités... et la messe ? Peut-être pour plus tard ...
Les raquettes s’avèrent vite d’une monstrueuse inutilité, quelques centimètres de neige légère sur fond dur, le rêve ! C’est donc dans la bonne humeur d’une journée qui s’annonce plutôt bien que nous avalons la marche d’approche ! Un froid vif depuis plus d’une semaine, un voile qui masque le soleil et ses dangereux rayons... nous pouvons aller tâter le glaçon sans craintes !
Le premier mur, enveloppé d'un voile, notre allié de la journée
Mais avant cela, petit préambule introduisant une des notions-clé du mixte préalpin : “La pédagogie de la touffe”. Certains de mes professeurs parleraient plutôt de didactique, mais peu importe, le résultat n’en est pas modifié d’un yota ! Me voilà devant une belle traversée mixte, pré-requis préalable aux joies glacées ! Le choix des tailles des coinceurs, peut-être peut-on y revoir les apprentissages des choix vitaux réalisés “Rue Saint-Michel” : shooter, demi ou pinte ? Bref, la pression est ici temporelle ; et elle est inhérente à ma faible continuité, qui ne fait qu’accroître la nécessité de pertinence de mes choix !
Dans la deuxième longueur : "la pédagogie de la touffe" :
Bientôt la glace, ce fut une merveilleuse longueur quasi uniquement sur touffes d’herbes gelées, pour ôter tout soupçon d’ambiguïté !
La longueur qui suit laisse présager une douce introduction à la glace, pour ma première sortie hivernale, c’est parfait !
Raph, dans la 3ème longueur
La suivante, de toute évidence, sera moins aisée ! Ça se redresse sec, et cette glace n’est pas toujours aussi tendre que le sont mes bras qui n’apprécient guère cette entrée brutale en matière !
Après une 5ème longueur, cette fois-ci tout en neige, nous nous retrouvons bientôt au pied du dernier mur, à l’endroit même où nous avions renoncé deux ans plus tôt, quasiment jour pour jour ! Le soleil et la chaleur étaient de la partie. À peine avions-nous tiré les rappels qu’un bruit retentissant nous fit brusquement lever les yeux. Cette même longueur venait tout simplement de s’effondrer...
6ème longueur : "le Clocher"
C’est donc non sans repenser à ce souvenir marquant que je donne les premiers coups de pioche. Ça sent la cloche à pleine ouïe ! 15h, me voilà donc sur ce que Delhem (“Escalade et symbolisme” in La montagne et alpinisme, 1982) qualifierait de symbole. Symbole comme objet de rencontre entre divin et profane. En d’autres termes, je suis en train de m’élever, je le constaterai un peu plus tard, sur une vaste cloche décollée. Un difficile dilemme vient donc s'immiscer dans les débats. Dois-je assister à la messe, dont je suis de surcroît moi-même acteur, ou bien offenser les Dieux, pensant que le cierge s’est consumé, et qu’il n’en vaut pas la chandelle ? L’appel est trop fort. Après quelques hésitations sur l’issue que je devais donner à cette journée, et avec mille précaution, je décide de poursuivre et de gravir le dernier mur qui me surplombe. 60m plus haut et 3 broches plus tard, me voilà devant l’arbre qui va me mener illico-presto au pied de ce Saint-Michel peu accueillant !
Après quelques rappels sur des couplages de brindilles gelées, nous voilà enfin sur la terre ferme ! Assez peu fier de m’être engagé dans une longueur purulente, mais paradoxalement très content d’avoir réalisé cette cascade, je m’en retourne dans le plat pays le sourire au coin des lèvres ! J’en avais peut-être besoin, qui sait !