Le nouvel alpinisme rennais...
Lorsqu'on se retrouve débarqué dans une ville où la vue depuis la plus haute tour s'étend à perte de vue sur une immensité plate, il semble qu'il n'y ait que l'imagination qui puisse nous sauver... C'est un peu ce qui m'arrive depuis septembre, avec ce débarquage encore complètement inconcevable il y a un peu plus d'un an... La première fois qu'on m'a parlé de cette école, de ce nouveau sponsoring très fidèle nommé État, l'idée qui m'a d'abord traversé l'esprit est, me semble-t-il, l'évidente incompatibilité de vies qui surgirait d'une telle situation. Et puis finalement, pourquoi pas… A vrai dire, je n'ai jamais connu que la montagne, 20 ans que je vis ici. Partir pourrait peut-être permettre un certain recul, une réflexion sur l'avenir notamment... Facile à dire quand on est encore au pied des montagnes, qu'on sort la voile de parapente le lundi, le mercredi, le jeudi, tout le we, et qu'on grimpe les autres jours. Une fois sur place, la mi-môle redescend bien vite, et on se rend rapidement compte que ce n'est pas si drôle. D'abord la vie citadine : j'étais habitué à Annecy, mais ici, le contexte est sensiblement différent. Le plat pays ensuite, et c'est là que ça coince vraiment... Bref, au début on compte les jours qui restent avant la délivrance, la petite semaine de vacances, ou bien même le we à fontainebleau. On m'aurait parlé de délivrance parisienne il y a encore quelques temps, cela m'aurait fait doucement rire ! Puis vient un temps où l'on commence à se faire à son sort, finalement délibérément choisi. On se met à regarder la ville, ses murs, ses monuments remarquables. L'instinct grimpeur ressurgit... Et c'est ainsi que nous vient l'idée d'aller tâter le grain, le vrai, pas le résineux. Jamais je n'aurais un jour pensé faire de "l'urban climbing". Ça y est, j'ai lâché le gros mot. Et moi qui pensais que c'était le fait de quelques grimpeurs médiatisés avides de reconnaissance. Ça l'est peut-être pour certains. Je comprends maintenant toute cette frange de population qui n'a pas la chance d'habiter l'arc alpin... En naissant à Rennes, on est loin d'être prédestinés à la grimpe ! Et pourtant, il y a là une communauté de grimpeurs, allez, une bande de petits énervés plutôt mutants, prêts à faire 3h de voiture pour grimper sur du caillou, et près d'1h30 pour tâter de la résine ! Je vous fais grâce de la photo de la plus belle salle de Rennes, c'est presque à se demander si nous nous trouvons effectivement dans l'une des 10 plus grandes villes de France !
Vendredi soir, nous sommes donc partis à la rencontre des fameux monolithes rennais. Au métro de Villejean, premièrement, où une impressionnante flèche de granite s'élance de nul part ! Une fissure parfaite vient la fendre sur ses 2/3 inférieurs ! 4m, peut-être même 5 mètres de haut. Le Grand Dru n'a qu'à bien se tenir !
Un peu plus loin, station suivante, terminus du métro. Le quartier Kennedy, la "TECY" comme diraient certains. Des fois, des décisions architecturales sont proprement infondées... Mais ces morceaux de granite en saillies sur 8 étages, à quoi ça sert ? Niveau esthétique, ça laisse à désirer, fonctionnalité, oui mais à quoi bon. Avec Éric, nous leur avons trouvé un usage. Sérieuse concurrence aux Gnobs Capucinois (du Grand Capucin...) ! Le "Voyage" (ndlr : selon Gulliver) n'a qu'a bien se tenir ! Ici, pas de spit, c'est presque naturel !